Berghof
Le Berghof de Hitler situé à une altitude de 1000 m, au pied du Hoher Göll.
Les opérations de reconversion commencèrent en mars 1936 et durèrent près de deux ans.
Elles furent réalisées par l'entreprise Hochtief.
Cent cinquante ouvriers et artisans motivés par la personnalité de leur client y mirent tout leur art.
Hochtief avait son siège à Francfort et jouissait d'une excellente réputation.
Elle construisait à l'époque le stade olympique de Berlin.
Elle sera ensuite impliquée dans la construction de la ligne Siegfried, du mur de l'Atlantique, de la maison du Kehlstein (le "nid d'aigle"), du bunker de la chancellerie à Berlin et de ceux de l'Obersalzberg.
Hochtief est encore aujourd'hui un des premiers opérateurs de BTP européens.
Il est représenté ici après la troisième série de transformations qu'il dût subir, dans sa forme définitive.
Le célèbre Berghof était la résidence secondaire de Hitler et l'Obersalzberg devint vite le deuxième siège du gouvernement d'Adolf Hitler.
Après la Wolfsschanze, la Tanière du Loup située en Prusse orientale et qui servit de quartier-général, le Berghof fut l'endroit où Hitler passa le plus de temps durant la seconde guerre mondiale.
Avant celle-ci, entre 1927 et 1936, il y fut présent plus de six mois par an.
On installait des lignes directes de la Reichskanzlei à Berlin.
Des réceptions pour des chefs d'états et des hommes politiques importants furent organisées comme par exemple pour le Prince Edward de Windsor (qui était encore pour quelque temps roi d'Angleterre), le roi Boris de Bulgarie, Mussolini, le dictateur de l'Italie et l'allié de Hitler, Chamberlain, le premier ministre de l'Angleterre, François Poncet, l'ambassadeur français, Schuschnigg, le premier ministre de l'Autriche, Daladier, le ministre des Affaires étrangères français, pour en nommer quelques uns.
Le Ministère chargé de la propagante faisait publier de telles photos dans le monde entier.
Le Berghof est connu du monde entier.
Le grand hall au plafond à caissons est la plus grande et la plus célèbre pièce du Berghof.
Elle doit exprimer "l'harmonie des grandeurs" et, en conséquence, ses dimensions sont à couper le souffle :
12,70 mètres par 21.
Pour ne pas être totalement écrasante, elle est divisée en plusieurs zones sur trois niveaux.
Un petit palier surélevé d'abord, cinq marches plus bas une deuxième surface, plus vaste, organisée autour d'une gigantesque cheminée de marbre rouge et, enfin, après trois nouveaux degrés, un espace de réunion.
Des photographies du grand perron, de l'entrée avec ses colonnes de marbre massives, du hall avec la grande fenêtre escamotable qui donnait vue sur la montagne d'Untersberg, étaient distribuées dans le monde entier par les photos-reporters de ce temps.
Comme après la prise du pouvoir en 1933 des milliers de visiteurs se dirigeaient vers l'Obersalzberg, des permis de passage devinrent nécessaires et toute la région était déclarée "la zone du Fuehrer".
L'ameublement comprenait essentiellement des meubles en chêne massif et de lourds fauteuils et canapés tapissés.
Une des caractéristiques du Berghof, c'était l'existence de cette énorme baie vitrée (châssis d'un seul tenant de 8m sur 4m et ses 90 vitres) de la salle de conférences qui pouvait coulisser électriquement dans le sol et qui offrait une vue magnifique sur l'Untersberg.
Pour se faire une idée de cette fenêtre, dans le petit restaurant situé à proximité du Centre de Documentation, on remarque trois baies vitrées à peine plus petites que celle d'origine du Berghof y ont été créées en les orientant soigneusement dans la "bonne" direction, avec vue sur les montagnes.
Pour les plus attentifs, le nom de l'établissement est tout un programme : le Bergasthof (BERGastHOF)
Dans son prolongement, la grande terrasse étaient situés les garages et le bowling.
Le personnel d'Hitler se tenait toujours prêt afin d'assurer que celui-ci ne soit pas dérangé pendant son travail.
Ceux qui ne possédaient pas de maison à l'Obersalzberg logeaient au Berghof, y compris les secrétaires, afin d'être disponibles à tout moment.
Des plantons, vêtus de vestes blanches et de pantalons noirs, travaillaient comme domestiques au Berghof.
Ces beaux jeunes hommes choisis par Sepp Dietrich devaient d'abord suivre un stage à l'école Hôtelière de "Pasing" et furent ensuite employés comme serveurs dans la maison d'Hitler.
Toujours soucieux que les banquets se déroulent sans problèmes il inspectait personnellement la table afin de s'assurer qu'aucune erreur n'avait été commise qui pourrait compromettre sa réputation d'hôte.
Les convives prenaient place autour d'une lourde table en chêne massif d'une vingtaine de places.
Décorée dans les tons rouges (pour les sièges et les tapis) et vert clair (pour les murs et les rideaux), la pièce était éclairée d'un seul côté par une large fenêtre à petits carreaux
Chaque invité trouvait à sa place une serviette placée dans un étui de papier à son nom.
Le repas était servi dans une porcelaine blanche.
Si l'hôte est de très haut niveau, les assiettes étaient en argent et aux armes de Hitler.
Le Berghof fut détruit trois fois.
La première fois, le 25 avril 1945, partiellement par la British Royal Air Force.
La seconde fois, le 4 mai 1945, les troupes "SS" y mirent le feu au moyen de pétrole.
La troisième fois le 30 avril 1952 (procédure de destruction des autorités allemandes).
Dans le Berghof
Les gens de l'époque se représentaient le Berghof comme une ferme bien aménagée, d'une certaine importance et possédant un caractère rustique.
Ces critères disparurent après les transformations successives que subit la maison Wachenfeld.
La transformation du Berghof alla de pair avec l'ascension et la puissance d’Hitler.
Le célèbre architecte Degano entreprit les premières petites transformations mais réussit à conserver néanmoins le style rustique de l'époque.
Etant donné que Hitler traçait lui-même ses plans, il était parfois difficile pour l'architecte de satisfaire les désirs du maître d'oeuvre.
Cela tenait encore toutefois du raisonnable.
Lorsqu’Hitler devint Chancelier du Reich, les amis du parti ne cessèrent d'affluer à l'Obersalzberg.
Ils s'établirent tout d'abord dans les auberges avoisinantes.
Rudolf Hess s'occupa au début de traiter avec les propriétaires fonciers de l'époque dans le but d'acheter les maisons et les terrains.
Il eut ensuite à assumer des tâches politiques et ce fut Martin Bormann qui prit la relève.
Il se vit confier l'ensemble de l'organisation de l'Obersalzberg.
Il se chargea tout d'abord du "Berqhof" d'Hitler.
Il l'agrandit considérablement en lui ajoutant un étage.
Sur la façade, un large escalier conduisait à un hall d'entrée de style gothique garni de colonnes de marbre.
De là, on accédait à la célèbre salle de conférences avec sa fenêtre à coulisse.
A côté de la salle de conférences que nous venons de citer, se trouvaient encore un vestibule, une salle à manger, une salle de garde, une salle réservée au personnel, une grande cuisine et deux pièces pour les officiers d'ordonnance.
Le hall de conférence est de grand style avec des plafonds lourds en bois taillé à la main et des lambris.
Meublé avec des tapis d'Orient de grande valeur, des tableaux, des objets d'art furent choisis et combinés avec beaucoup de goût, une cheminée en marbre italien et des fauteuils confortables.
Dans le coin un piano à queue "Bechsteill".
Hitler aimait jouer du piano pendant ses loisirs, son compositeur préféré était Richard Wagner.
C'était sans doute la pièce la plus impressionnante dans le Berghof.
Chaque invité, et surtout Hitler lui-même, ne pouvait que se sentir bien dans ce beau domicile alpin.
Au premier étage, il y avait les pièces d'habitation et la chambre d'Hitler ainsi que d'autres pièces destinées aux invités.
Les garages se trouvaient au rez-de-chaussée, la chaufferie et le bowling un étage plus bas.
Seuls les matériaux les plus nobles furent utilisés.
Fenêtres à sertissures en plomb, meubles Biedermeier ou baroques, lampes de valeur, marbre, bois précieux, pierres naturelles et poêles de faïencé.
Dans le bureau d'Adolf Hitler au Berghof, seuls des matériaux de première qualité furent utilisés dans l'aménagement.
Des tableaux et des livres de valeur, des tapis et des gobelins précieux complétaient l'intérieur.
Au moment des grands travaux d'aménagement, Hitler avait envisagé de dédier à ses livres un bâtiment particulier.
Il y avait finalement renoncé et 3000 livres, soigneusement reliés, trouvèrent place dans une bibliothèque, ainsi que sur des étagères disséminées dans le corps principal de la villa.
Pour la plupart retrouvés dans une mine de sel près de Berchtesgaden par les Américains en 1945, ils furent transportés aux États-Unis.
La bibliothèque du Congrès en conserve encore environ 1200.
Ceux que l'on n'avait pas eu le temps de mettre à l'abri furent soustraits par les premiers conquérants de l'Obersalzberg.
Avant d'entreprendre les transformations, Bormann décida l'élargissement de la route allant de Berchtesgaden à l'Obersalzberg.
On établit également un nouveau tracé depuis Oberau.
En mars 1943, il ordonnera formellement à Bormann de ne plus rien y entreprendre.
Son secrétaire ne mettra pas longtemps à le faire changer d'avis, invoquant des raisons de sécurité pour entamer un projet de ville souterraine destinée à mettre les milliers d'occupants de l'Obersalzberg à l'abri des bombardements.
Bien que les grands pèlerinages populaires eussent été supprimés après l'invasion de l'URSS, l'Obersalzberg ne désemplissait pas et seule la Führersperrgebiet continuait à jouir de la tranquillité désormais très organisée de la montagne.
"Quand la guerre sera finie, je me chercherai une vallée bien tranquille et m'y bâtirai un chalet comme le premier",
soupira un jour le Führer qui semblait s'agacer de l'invasion de son plateau.