Les noms des montagnes géantes qui, de par leur puissance, semblent régner sur un paysage entier, sont souvent très anciens et, de ce fait, il est difficile d’en étudier l’origine. Il en est ainsi de la montagne "Hoher Göll". Le nom Kehlstein est sans doute plus récent. Des responsables du cadastre ont peut-être, comme il en est souvent le cas dans l’enregistrement des noms de tradition orale, quelque peu défiguré le nom "Göllstein" pour en faire "Kehlstein". Le Kehlstein est en effet un puissant promontoire du flanc nord-ouest du massif Hoher Göll. C’est pourquoi le raisonnement sur l’origine du nom Kehlstein n’est pas sans fondement. Les falaises abruptes du mont Kehlstein s’élèvent à 1200 m au-dessus de Berchtesgaden. Au-delà de la limite des forêts le pic Kehlstein surplombe la profonde vallée de Berchtesgaden, ancienne prévôté princière, et permet une vue panoramique sur ce monde alpin imposant qui entoure le Berchtesgadener Land. Au nord s’élève le Mont Untersberg, enrobé de légendes locales, à l’ouest le massif du Watzmann avec sa femme et ses sept enfants. Ce roi sans couronne du Berchtesgadener Land domine la région du haut de ses 2714 m. Tout aussi majestueuses, les montagnes Reiteralpe et Lattengebirge se tiennent tout près. Le Kehlstein (1834 m) est rattaché au Mont Hoher Göll (2529 m), qui s’élève bien plus haut que toutes les tours rocheuses entre le lac Königssee et la rivière Salzach. Le Kehlstein est relié à son parent par une crête qui, vue de l’air, semble aiguisée, la Mannlköpfen. Remontons à l’époque où les noms "Göll", ou "Kehl" ou "Gell" ont pris leur origine. L’on pourrait déduire que cette origine provient de la langue des celtes, anciens habitants de la région. À cette époque le Berchtesgadener Land ressemblait à une forêt vierge impénétrable. Il s’y trouvait quelques huttes de chasseurs ou de pêcheurs provisoires. Si la nature régnait à l’état sauvage le long de la rivière dans la vallée de Berchtesgaden, la montagne devait être encore plus sauvage. Il aurait été impensable d’escalader le "Kehlstein", encore moins, le massif "Hoher Göll". Cette jungle peu accueillante appartenait aux dieux et non aux hommes. Ces derniers habitaient les collines longeant la vallée de la rivière Salzach. Des preuves de colonisation préhistorique existent dans la région de Salzbourg et d’Hallein, mais pas sur le Kehlstein. Aujourd’hui, en escaladant la sente reliant Scharitzkehlalm aux Mannlkëpfen et au Kehlstein, l’on peut encore s’apercevoir à quel point le monde rude et sauvage de l’ancien "mont des dieux" subsiste encore, malgré la civilisation actuelle. Celui qui emprunte ce sentier aura vite fait0 de l’abandonner s’il manque de condition physique. Même les accès bien plus faciles par les parois est et nord, demeurèrent quasiment impraticables, sauf pour quelques chasseurs, jusqu’au 19è siècle. Le pâturage y fut limité à quelques zones favorables dont le "Obere Kehlalm", de nos jours un parking pour les visiteurs du Nid d’Aigle. Une montagne rocheuse et escarpée aux conditions climatiques inhospitalières, enneigée d’octobre jusqu’en mai, où il peut même neiger en juillet. Voilà le mont "Kehlstein".