Le bombardement (25 avril 1945)
Au-dessus de 900 m, l'Obersalzberg est recouvert de neige.
Le sixième hiver de guerre avait commencé et l'on ne se rendait plus à son travail qu'à contrecœur.
Chaque jour, des escadrilles d'avions ennemis survolaient la montagne.
Pas un jour ne s'écoulait sans qu'il ne faille se réfugier dans les abris et que des mesures de camouflage par brouillard artificiel ne soient prises.
La fumée s'échappait alors de grands tonneaux et recouvrait l'Obersalzberg pendant des heures.
On entendait les explosions des bombes qui tombaient sur Munich, Mühldorf et Linz.
Le 25 avril 1945, vint le "Dies Irae", le jour de colère sur l'Obersalzberg et l'affaire devint sérieuse.
Supposant qu'Hitler et son entourage se trouvaient encore à l'Obersalzberg, la "Royal Airforce" bombardait l'Obersalzberg.
9.30: première alerte.
Les ouvriers se réfugièrent dans les bunkers.
La première vague d'assaut eut lieu 30 minutes plus tard.
Les 1100 bombardiers composant les deux vagues 275 R.A.F. britanniques Lancasters et Mosquitos et 98 Mustangs de la 8ème US Air Force survolèrent la montagne en larguant 1232 tonnes de bombes de gros calibre (500 kg) !
Volant très bas afin de profiter de la protection des Alpes, ils s'approchèrent de la cible qui leur avait été décrite dans une détermination d'objectif datée du 5 octobre 1944.
Les premières bombes tombèrent sur les cités de la Buchenhëhe et de la Klaushöhe.
Tous les bâtiments importants et de nombreux bâtiments moins importants autour des objectifs subirent aussi les effets du bombardement.
La caserne des SS a été gravement endommagée.
La partie centrale a été détruite, une autre abîmée par une attaque directe et la moitié de l'étage supérieur d'une troisième partie a sauté.
Il n'y a que la Kehlsteinhaus qui resta indemne.
La première vague aurait sûrement été reçue à coups de canons par la défense antiaérienne d'Obersalzberg si le système d'alarme avait fonctionné à temps.
Ce n'en fut pas le cas.
Le réseau allemand d'alarme aérien avait été devenu inefficace, voire détruit.
Le camouflage par brouillard artificiel aurait nécessité une préparation de 20 minutes.
Cette situation se vit empirer par une nouvelle offensive américaine par des bombardiers B 17 Flying Fortress et Liberator à quatre moteurs.
Leur objectif n'était pas les canons de défense, mais Obersalzberg et principalement la Haus Wachenfeld (le Berghof, résidence d'Hitler), Hallein, Salzbourg et Bad Reichenhall.
Les pilotes avaient du mal à cause de la neige à reconnaître les points d'impact et passèrent une deuxième fois à l'attaque.
Leur travail d'anéantissement se fit cette fois-ci de manière plus systématique.
Pendant une heure entière, les bombes de 500 kg labourèrent l'Obersalzberg.
Les batteries de canons antiaériens s'étaient mises en position de défense et ouvrirent le feu sur les assaillants.
Certains furent atteints, mais l'on ne put en préciser le nombre exact car les nombreux événements des jours suivants rendirent impossible toute recherche.
La plupart des canonniers avaient entre 16 et 18 ans et appartenaient au RAD (Service de Défense du Reich).
C'était un jour de printemps d'un bleu rayonnant, quand la montagne du (faux) salut se transforma en une montagne de la mort.
Puis, ce fut le silence.
On prit conscience de l'étendue du bombardement plusieurs heures après, lorsque la fumée se fut dissipée.
Le dernier bombardement de la deuxième guerre mondiale était fini.
Grâce au système des galeries souterraines, il n'y eut que peu de morts à l'Obersalzberg.
Selon le journal local, le "Berchtesgadener Anzeiger" du 30 avril 1945, il y avait 31 victimes au total.
D'autres sources ne mentionnent que 6 victimes et quelques blessés.
Le même jour, Bad Reichenhall était bombardée et 200 personnes périrent.
L'Obersalzberg fut très atteint.
Pourtant les explosifs destinés au Nid d'Aigle détonnèrent sans causer de dommages sur les falaises sur lesquels il fut construit.
Il est difficile d'atteindre une cible de ce genre en haute montagne d'autant plus que les canons antiaériens très efficaces en donnèrent peu de chances à l'assaillant.
Le bombardement d'Obersalzberg, de Berchtesgaden, de Bad Reichenhall, de Salzbourg et du Nid d'Aigle du 25 avril 1945 n'eut aucune valeur militaire à ce stade tardif de la guerre.
De ce fait accordons-lui une valeur politique.
Après le bombardement, les ruines étaient le lieu recherché par les maraudeurs.
Ensuite la montagne fut fermée et on ne pouvait pas y entrer sans une autorisation spéciale.
Après la réouverture, de véritables foules faisaient le pèlerinage à l'Obersalzberg.
Pour prévenir toute vénération, on a ordonné le déblaiement de toutes les ruines en 1952 aux instances du gouvernement bavarois sous le ministre-président Högner.
Exception faite pour le Nid d'Aigle, l'Hôtel Türken et la ruine de l'ancienne maison des invités.
Le kehlstein (construction)
L'une des constructions les plus intéressantes qui fut édifiée sous Bormann est sans aucun doute le Kehlsteinhaus ou D-Haus (maison des diplomates), situé à 1834 m d'altitude, au sommet du Kehlstein.
Cet édifice est souvent appelé à tort "Teehaus" ou encore "Eagles Nest" par les Américains.
Cela concernait également toute forteresse alpine qui en fait n'exista jamais.
Le Hoher Göll se dresse derrière la bâtisse et lui confère un caractère très montagnard.
Bormann désirait-il par là faire un cadeau particulier à Hitler ou bien était-ce plus pour confirmer son génie à ses propres yeux ?
Officiellement, la bâtisse était destinée à recevoir des invités de marque.
Hitler ne se rendit que cinq fois au Kehlsteinhaus, Bormann, par contre, y était plus souvent.
Il faut également signaler que ce bâtiment ne fut jamais utilisé à des fins militaires et qu'il n'avait pas non plus été construit pour cela.
Theodor Jacob, le Landrat de Berchtesgaden, réussit à éviter que l'on ne fasse sauter la bâtisse.
Le "Nid d'Aigle est le bâtiment, le plus impressionnant, qui coûta le plus cher de l'ère hitlérienne à Obersalzberg.
C'est en automne 1936 Bormann choisit le sommet du Kehlstein (1834 m) comme chantier du Nid d'Aigle.
Hitler appréciait également ce sommet à cause de son excellent panorama du lac de Königssee à Salzbourg.
Bormann, tout puissant, accomplit un travail incroyable.
Et c'est sur ordre de Martin Bormann, et pour le 50ème anniversaire d'Adolf Hitler (20 avril 1939), que fut achevé en un record inimaginable d'une seule année (de mai à octobre en 1937 et 1938), l'édifice gigantesque sur le sommet de l'Obersalzberg.
La construction a demandé un savoir-faire de première qualité.
Seulement les meilleurs ingénieurs pouvaient se mettre à cette tâche prodigieuse.
Mussolini a envoyé environ 3000 ouvriers italiens et travaillèrent en équipes jours et nuits.
Bormann était intéressé à ce que le projet fût terminé le plus vite possible.
On ne tenait pas compte de la santé des ouvriers.
En 1937, une chute de montagne coûta la vie à 5 personnes.
L'éclairage par projecteurs (à essence) rendit possibles les travaux pendant les heures nocturnes.
L'avancée rocheuse de la crête Mannlgrat sur le massif du Hoher Gôll n'offre, comme terrain de construction, qu'une très étroite surface rocheuse et déjà que lors de l'arpentage du lieu, on put deviner les problèmes que poserait celui-ci aux ingénieurs.
Afin de gagner suffisamment de place pour la maison dans sa largeur, il a fallu bâtir les mur extérieurs presque aux limites de l'étroit plateau.
Les murs extérieurs nord et sud reposèrent sur une base escarpée à 45 degrés et qui, à sept mètres en contrebas, tombe à pic dans un vide vertigineux.
Les ouvriers durent, de ce fait, se protéger par un échafaudage de sûreté.
Une des premières étapes fut la construction de la télébenne pour faire monter les matériaux de l'Obersalzberg jusqu'au sommet du Kehlstein.
Après l'achèvement de la maison il fut complètement démonté.
Sa construction ne fut possible que grâce aux nombreux porteurs qui l'assemblèrent sur place.
Tous les matériaux de construction et l'outillage y furent montés par la benne qui, en redescendant, évacua les cailloutis de la cage d'ascenseur.
La benne mesurait 2 m de long et 1,3 m de large avec une profondeur de 25 cm.
Avant même de pouvoir poser les fondations du bâtiment il fallut tout d'abord niveler la crête pointue.
Cela accompli, l'on démarra la construction des murs en briques.
L'entreprise Philipp Holzmann AG employa ses tailleurs de pierre à revêtir les murs de brique par de la pierre de granite naturelle provenant de la région de Passau.
Chaque pierre fut taillée dans la vallée d'après les données précises de la planche à dessins.
Elles furent ensuite transportées au sommet par la télébenne où un palan en facilita le déchargement.
Les murs du Nid d'Aigle sont donc doubles.
A l'intérieur, de la brique, à l'extérieur, du granite massif.
124 mètres exactement sous la maison il y a un tunnel de 124 mètres qui mène du grand parking à l'ascenseur.
La construction du puits de l'ascenseur dura 3 mois.
La galerie est fermée par d'énormes portes en bronze.
Ici encore, le génie dépensier de Bormann fleurit en matière de décoration.
On utilisa des poignées de portes en bronze massif.
Seule décoration consistant en deux poignées en forme de lion, sculptées par le Prof. Arno Breker.
Ces lions d'une hauteur de presque 75 cm disparurent dans les premiers jours après la fin de la guerre et se trouvent à présent dans une collection privée américaine.
Le tunnel (travaux difficiles dirigés par l'entreprise des frères Reck du Tyrol du sud, des spécialistes renommés dans la construction minière) revêtu de marbre d'Untersberg mène dans un hall rond d'où une cabine d'ascenseur couverte de cuivre avec des sièges en cuir vert transporte en 45 secondes, les visiteurs dans le hall du Nid d'Aigle.
Des miroirs vénitiens et des fauteuils de cuir vert donnaient une impression de sobriété à l'ensemble.
Le but de cet arrangement sobre était de calmer Hitler qui souffrait de claustrophobie.
L'ascenseur de deux étages (la partie inférieure n'était utilisée que comme monte-charge) fut construit par la firme allemande Flohr achetée par la firme américaine Otis, New York, après la guerre.
C'est le même ascenseur, pouvant accueillir 46 personnes, qui est utilisé encore aujourd'hui.
On a seulement démonté la partie inférieure.
Presque silencieux et de fonctionnement sûr, il se meut grâce à un moteur situé dans le grenier du bâtiment.
Les craintes d'Hitler se rapportaient à l'emplacement du treuil de câble dans une cage dépassant la hauteur du toit de la maison.
Un éclair pût facilement l'atteindre pensait-il.
On dit qu'Hitler évita le Nid d'Aigle à cause du danger que présentaient les éclairs, ainsi qu'à cause de son propre vertige.
L'on procéda donc, bien sûr, à une protection adéquate de la maison Kehlstein en y installant des paratonnerres fiables.
La technique pour le Kehlsteinhaus est considérable.
A environ 40m à droite de l'accès au tunnel se trouve une petite porte en bronze, derrière laquelle s'ouvre une cave abritant un groupe électrogène d'appoint.
Grâce a ce tunnel et à la cage d'ascenseur l'on put approvisionner la maison en eau et en électricité directement par le sous-sol.
L'eau provenait de Scharitzkehl à 700 m en contrebas.
De l'eau de source y est recueillie et pompée jusqu'au sommet par un conduit haute pression.
Le système de pompage d'eau est contrôlé par des instruments des plus modernes installés dans la cave où se trouve le groupe électrogène.
Dans cette salle des machines se trouve un générateur de secours, entraîné par un moteur diesel de sous-marin de 8 cylindres MAN produisant 300 chevaux à 600 t / m, installé en 1940.
Il remplaça une génératrice moins puissante dans l'éventualité d'une panne de courant.
Il est encore utilisé aujourd'hui pour fournir de l'électricité au Nid d'Aigle en cas de panne.
A côté du tunnel, en retrait, se trouvent les câbles et les tuyaux de chauffage.
La construction tout comme l'intérieur des pièces sont adaptés l'environnement.
Les murs sont en pierre naturelle taillée en demi-cercle et le plafond en bois adoucit l'atmosphère de la pièce.
Les fenêtres frontales ouvrent sur un panorama magnifique sur les monts et les vallées.
La maison ressemblant, de loin, à un nid d'aigle, avait tout ce qu'il fallait.
Par l'ascenseur, on accède à un large foyer qui par un couloir conduit aux autres salles du Nid d'Aigle, laissant au fond la cuisine et sa large terrasse.
A droite, les arches offrent une vue splendide sur le "Hoher Göll", 2522 m.
Cinq fenêtres de verre adoucissent la froideur de la pierre et transforment la pièce en un jardin d'hiver.
De là un escalier mène vers la "Scharitzkehlstube" ou "salle Eva Braun".
Les murs et les plafonds sont recouverts de panneaux de sapin et décorés de manière typiquement bavaroise.
Un escalier de pierre conduit à la salle de conférence (salle de réception).
Une salle à manger, une salle de séjour avec une cheminée en marbre rouge d'Italie (cadeau de Mussolini pour les cinquante ans d'Hitler), et des tapis précieux, un bureau, une cuisine, un poste de garde, des installations sanitaires.
A droite de la cheminée un large escalier mène à la salle à manger.
Il n'y avait pas des chambres à coucher.
Seul, un cuisinier et deux sentinelles travaillaient par équipes.
S'il fallait plus de personnel, on les y apportait.
Les objets décoratifs de valeur furent confisqués pendant l'occupation.
Le bâtiment a été conçu très solidement.
La première visite d'Hitler au Nid d'Aigle achevé le 16 septembre 1938 se fit en compagnie de Ward Priee, de Goebbels et d'Himmler.
Hitler ne se serait rendu officiellement au Nid d'Aigle que 13 fois et n'y passa que quelques heures pour savourer le soleil alpin, toutefois en modération.
Un accident de guerre eut pour conséquence chez lui une hypersensibilité à la lumière.
De plus, la vue depuis la colonnade vers l'abîme lui donnait le vertige et de la nausée.
Par contre, Eva Braun, elle, aimait bien le panorama du Kehlstein.
Elle prenait plaisir à s'asseoir sur la terrasse derrière la maison Kehlstein pour y apprécier le soleil, l'air pur et la vue.
Il est toutefois de petite dimension.
En raison de sa situation de haute montagne, le Kehlsteinhaus n'est accessible et déneigé qu'au cours des mois d'été.
03 Mai 1945 et l'occupation des alliés
Pensant trouver des officiels du gouvernement et des troupes "SS" de combat sur l'Obersalzberg, les divisions américaines et françaises furent envoyées pour pendre Berchtesgaden et la supposée "forteresse des Alpes".
Après le bombardement de l'Obersalzberg le 25 avril 1945, les troupes américaines approchèrent de la frontière de l'arrondissement, même Bernhard Stredele (1911-1981), dirigeant du NSDAP de l'arrondissement, qui jusque-là avait poussé la résistance avec une résolution fanatique, remarqua que la situation était vouée à l'échec.
Depuis longtemps déjà, le commandant SS de l'Obersalzberg était opposé à Hitler et tint donc la promesse qu'il avait au Landrat.
Le 3 mai 1945, il remit toutes ses attributions au sous-préfet.
Quelques jours auparavant, les offices nazis avaient commencé à brûler tous les documents.
Le matin du 4 mai 1945 des troupes américaines traversèrent la frontière de l'arrondissement et prirent la ville de Bad Reichenhall.
Simultanément le sous-préfet dissolu le Volkssturm (armée locale allemande pendant la deuxième partie de la 2e Guerre Mondiale formée de garçons et d'hommes inaptes au service militaire normal) et publia un tract exhortant la population à hisser des drapeaux blancs et à rester calme et prudente.
Les troupes de la 101ème division aéroportée américaine, parmi lesquelles se trouvaient des résistants français parvint à occuper Berchtesgaden avant les troupes françaises.
Berchtesgaden se rendit sans résistance aux alliés.
Au moment de l'arrivée des Américains sur la place du marché, des membres SS mirent le feu à la maison d'Hitler.
L'Obersalzberg fut également pris par les troupes françaises de la 2ème DB du Général LECLERC.
Mais les Français, parvinrent les premiers au sommet du Kehlstein.
Le 5 mai, le maire Sandrock et le gouverneur Jakob remirent officiellement le village aux mains des américains et la région devint une partie de la Zone Américaine.
Le Premier Ministre Högner se rendit sur l'Obersalzberg accompagné d'une délégation, afin de détruire tous les bâtiments utilisés par le NSDAP.
Grâce à l'influence et à l'intervention de conseillers avisés, le Nid d'Aigle fut laissé intact.
Avec l'entrée des troupes américaines, l'autorité et les pouvoirs de l'administration furent remis à la puissance d'occupation.
Ils étaient exercés par un gouvernement militaire.
Les fonctionnaires du service prévu pour l'arrondissement arrivèrent le 12 mai 1945.
Ils prirent la place du service commandé par le capitaine John W. Bryand F.A.
Dès ce moment, Michael E. DiPietro MGO, Commanding devint le directeur du gouvernement militaire.
Immédiatement après le début de l'occupation, les sorties furent interdites, les écoles fermèrent leurs portes, les autorités étatiques et communales cessèrent leurs fonctions et le chemin de fer, les moyens de transport publics ainsi que le trafic postal furent interrompus.
Les journaux n'apparurent plus.
Au début de l'occupation, le gouvernement militaire distribua aux offices, aux hôpitaux, aux médecins et à d'autres institutions des écriteaux interdisant l'entrée pour empêcher des violations par l'armée occupante.
Mais ils perdirent leur importance dans la mesure où les circonstances se normalisèrent.
En août 1948, le chef du gouvernement militaire ordonna d'enlever tous les panneaux.
La tâche prioritaire après l'occupation était de rétablir une administration fonctionnelle.
Les délégués du gouvernement militaire ont tout de suite cherché des personnes politiquement compétentes.
Après une courte arrestation, le sous-préfet Jacob fut intégré comme sous-préfet provisoire de Berchtesgaden.
20 personnes de toutes les couches sociales furent nommées pour la formation de la préfecture à condition que celle-ci corresponde à l'organisation des professions y représentées.
Grâce à une entente établie de longue date entre le commandant de l'Obersalzberg et le sous-préfet Jakob, l'occupation du Berchtesgadener Land par les alliés put se faire sans actions militaires de la part des divisions allemandes.
Une rage aveugle de destruction commença alors à se répandre.
Les jours qui suivirent offrirent partout le même spectacle
Il y eut malheureusement quelques attaques contre la population civile durant les premiers jours de la victoire sur l'Allemagne hitlérienne.
Ceci fut le cas de l'ingénieur du bâtiment Grethlein, le "bon génie de l'Obersalzberg", appelé ainsi à cause de sa sollicitude envers ses employés.
Il mourut sans raison par la balle d'un soldat français ivre.
Cette tragédie en est d'autant plus grande lorsque l'on apprend à quel point Grethlein fut aimé de ses milliers d'employés étrangers.
Il en fut de même du chauffeur de camion Josef Lohr.
La région vécut quelques journées de terreur.
Les troupes françaises et leurs unités marocaines se rendirent particulièrement impopulaires.
Elles commirent de graves délits vis-à-vis de la population civile.
Les femmes furent chassées et violées.
Il fallait loger les soldats et pour cela, les maisons devaient être évacuées.
La mise à sac des maisons, les fusillades et les meurtres furent alors à l'ordre du jour.
Un gouvernement militaire local américain assura enfin un service de police.
Au moyen d'un bulletin officiel, la population fut instruite des ordres du gouvernement militaire.
Les avis devaient être publiés en allemand et en anglais et étaient soumis à la censure.
Le premier bulletin officiel apparut le 14 mai 1945.
Auparavant, les ordres de la puissance d'occupation étaient affichés aux murs des maisons et aux colonnes Morris.
Au cours des 10 premiers jours de l'occupation, la population ne pouvait quitter ses maisons qu'entre midi et 2 heures.
Dès le 14 mai 1945, les sorties furent interdites entre 9 heures du soir et 5 heures du matin et dès le 9 juin 1945 entre 9 heures et demie du soir et 5 heures du matin.
Le 23 mai 1945, un tribunal militaire établit des arrêts concernant la poursuite des infractions telles que la distribution défendue des lettres vers l'Autriche, la détention illégale d'armes, la violation du couvre-feu, le passage défendu de la frontière.
La dernière audience de ce tribunal eut lieu en mai 1952.
Environ 3000 affaires furent jugées.
Outre les affaires déjà mentionnées, également les infractions à la réglementation des changes, la contrebande, les vols des biens d'occupation et les "affaires avec des Fräuleins (femmes)".
Les inculpés étaient amenés devant le juge par la police militaire américaine ou par la police allemande.
L'exécution pénale était dans les mains des Allemands.
La compétence de ce tribunal s'appliquait aux civils et aux étrangers habitant à Berchtesgaden.
En mars 1946, à la suite d'un allégement, les habitants purent sortir jusqu'à 10 heures et demie du soir.
L'infraction à cet arrêté était punie d'une amende qui, en général à 100 Reichsmarks.
Le pouvoir appartenait jusqu'alors à la puissance d'occupation et avait été transmis à la Confédération et aux régions par le statut d'occupation du 21 septembre1949, qui entraîna aussi la fin des arrêtés.
Dès lors, le couvre-feu des restaurants fut fixé, selon les besoins du tourisme, à 1 heure du matin.
Dès le 1er septembre 1945, la libre circulation des civils fut permise de nouveau.
La vie reprend doucement.
En 1951, la décision finale fut prise, et à quelques exceptions près toutes les ruines de l'Obersalzberg furent détruites.
Plus rien devait rappeler l'époque d'Adolf Hitler.
Sur un mur du Berghof détruit, on distinguait une forme rappelant la "tête de la mort" imaginaire.
Sur les instances répétées du président du Conseil de la Bavière, Wilhelm Högner, la destruction par explosif se fit le 30 avril 1952 à 17.05 hrs.... à la date anniversaire de la naissance d'Hitler.
Cette maison, dans laquelle pendant presqu'une vingtaine d'années fut fait l'historie agitant le monde entier et ses conséquences finales catastrophiques, était disparue.
Les troupes américaines resteront sur l'Obersalzberg et particulièrement sur le Platterhof (Général Walker) jusqu'en 1995.
Restent aujourd'hui visibles du Berghof un mur de soutènement, des restes épars de fondation, un peu d'asphalte de l'allée carrossable, un réservoir et quelques câbles électriques ou téléphoniques.
Après avoir tout entrepris pour faire disparaître les traces de Berghof, le gouvernement allemand a changé dernièrement de politique et a autorisé la pose d'un panneau explicatif sur le site de l'ancienne villa d'Hitler.
"Mémoire d'un jour"...
Le 5 mai 1945.
Etant si fatigué, et personne ne venant me réveiller, il est 11 heures quand je me réveille.
Une grande toilette et il est midi quand j’arrive au PC où il n’y a encore personne d’ailleurs.
Nous n’aurons pas l’occasion de déjeuner car on vient avertir le colonel (Lcol Barboteu commandant le III RMT - 3 ème bataillon du Régiment de Marche du Tchad) que les américains nous envahissent à l’Obersalzberg.
Le colonel m’emmène tout de suite là haut et nous tombons sur un colonel américain, deux sections d’infanterie rassemblées devant un mat, ils veulent faire une cérémonie aux couleurs… américaines bien entendu.
Le colonel arrive à les faire patienter en leur disant que c’est une zone française et je file chez le colonel de Guillebon (GTV) pour demander des ordres.
Le colonel de Guillebon me dit :
"D’accord à condition qu’avec les américains, il y ait une section française et un drapeau français".
Je remonte là haut.
On rassemble une trentaine de poilus mais pas moyen de trouver un drapeau.
Ou bien ce sont des petits fanions de voiture ou des grands drapeaux de 5 x 5 trouvés chez Goering.
Les américains ne veulent plus attendre, ils font leur cérémonie, il n’y a pas de drapeau français, mais je suis photographié sous toutes les coutures avec le colonel.
Lieutenant François Maunoury – III RMT
Cette photo a un histoire.
La mémoire de cet événement m'a été communiqué (et autorisé à la publication) par Monsieur Dominique Maunoury.
Cette photographie illustre parfaitement un passage des mémoires du lieutenant François Maunoury avec un képi, officier de transmissions du IIIème bataillon du RMT présent à l’Obersalzberg ce jour là avec le Lieutenant-Colonel Barboteu commandant de ce bataillon.
Le lieutenant-colonel Barboteu est devant lui.
Les Mercedes
En 1970 le musée de guerre canadien à Ottawa acquit une Mercedes-Benz blindée, historique, du type 770 W 150.
Depuis 1945, cette voiture a été attribuée à Hermann Göring.
On croyait qu'elle lui avait été adjugée par le grand quartier général d'Hitler.
La 101ème division américaine réquisitionna la voiture à la fin de la guerre en Europe.
Des recherches faites en 1980 ont cependant démontré que ces indications étaient fausses et que cette voiture était une des Mercedes utilisées par Hitler lui-même pendant son époque brillante.
Selon sa plaque signalétique encore existante, elle fut fabriquée en 1940 et porte le numéro 429334.
Ce qui fut confirmé par le document 366986 des archives Daimler-Benz.
Le 8 juillet 1940, deux jours après le retour de Hitler à Berlin après l'expédition militaire en France, la grosse voiture fut conduite jusqu'à Berlin et transmise aux mains de l'officier d'ordonnance du garage des véhicules de la chancellerie du Reich.
Quelques jours plus tard, le 19 juillet, Hitler fut filmé dans cette voiture avec le numéro de police 148697.
Hitler utilisa cette voiture encore plusieurs fois au cours des 3 années suivantes.
Vers la fin avril 1945, la 20e division blindée américaine prit part aux opérations dans le Sud de l'Allemagne.
La division soutint les combats près de Munich et marcha sur Salzbourg.
Le 4 ou 5 mai, le caporal Joe Azara découvrit une grosse voiture, attachée par des cordes en acier sur un wagon de marchandises garé sur une voie de garage près de Laufen au nord de Salzbourg.
Lorsqu'il essaya de s'en approcher, il y eut un coup de feu.
Mais il réussit à chasser les tireurs.
A l'aide de quelques camarades, il mit la voiture sur la route et s'en alla.
Mais peu de temps après, la voiture s'arrêta à cause d'une panne de moteur.
L'huile versée dans le moteur avait été trop légère et causa, pour cette raison, la surchauffe du moteur.
La bielle était cassée.
Le Caporal Azara fut cependant à la hauteur de cette situation.
Des journaux américains rapportent qu'il soutira à la 101e division aéroportée le moteur d'une voiture semblable fabriquée en 1944.
En mai 1945, le journal de la 20e division blindée rapporta que la voiture dut être transportée à Berchtesgaden.
La 20e division blindée quitta l'Europe vers la fin de juillet 1945 et arriva au port de New York le 6 août.
Deux jours plus tard, la voiture fut débarquée du navire "George Shiras" au port de Castle Island, près de Boston.
Le journal "Boston Daily Globe" a ce même jour édité un article sous le titre "La Mercedes de
Göring est pare-balles".
L'article répétait la légende de Göring, légende qui devait suivre la voiture en Amérique et au Canada les 35 années suivantes.
Ce n'est qu'en 1982 que cette légende fut démentie par les recherches de Ludwig Kosche dans le magazine "After the Battle".
Ce n'était pas Göring, mais Hitler lui-même qui avait utilisé cette voiture presque sans interruption jusqu'en 1943.
La Mercedes fut présentée partout en Amérique et entreposée ensuite de 1947 à 1956.
A l'occasion d'une vente aux enchères elle fut achetée par un marchand d'autos de Toronto qui la vendit au collectionneur H.J. O'Connell.
Après avoir été restaurée, la voiture fut achetée par Claude Pratte qui la mit à la disposition du musée de guerre canadien.
Depuis 1971 la voiture y est exposée.
En 1982, elle revient en Europe pour y être exposée au musée de l'automobile de Lyon.
Données techniques :
Poids : 4780 kg
Pneus : 40 cm
Pare-chocs : 13 cm
Cylindrée : 7,7 litres et suralimenté par deux compresseurs
Puissance : 250 à 400 ch (selon les années)
Vitesse : 200 km/h
Réservoir : 300 litres
Consommation : 60 litres au 100 km
Radiateur : 18 mm d'épaisseur
Vitres : 43 mm à l'épreuve des balles.
Marchepieds : 13 cm.
Kehlstein
Ce bâtiment, de 52m sur 20 m, se situe à une dizaine de km de Berchtesgaden.
Il représente aujourd’hui un haut lieu touristique pour non seulement son histoire mais surtout pour le paysage qu’il offre sur les montagnes bavaroises.
Un peu d’histoire.
Placé sur le sommet du mont Kehlstein (origine de son nom) à 1834 mètres, les travaux de construction ont débuté en 1937.
Environ 3000 ouvriers ont travaillés jour et nuit pendant 13 mois.
On y accède, depuis l'Obersalzberg, en bus par la seule route (privée) de 6,35 Km dont la dénivellation est de 800 mètres (2500 ouvriers – 5 tunnels).
La route du Kehlstein est au point de vue technique sans doute la plus hardie et avec son panorama, elle se distingue des autres comme plus belle route de montagne en Allemagne.
Comme elle n'était pour la circulation privée des dignitaires de l'Obersalzberg et de leurs hôtes, elle a été tracée avec une seule voie et avec quelques évitements.
Cette route, terminée par un vaste parking, est toujours considérée comme un chef-d'œuvre de la construction des routes.
Vous devez emprunter un tunnel (124 m) et ensuite prenez l'ascenseur (124m) et vous arrivez au cœur de cette maison.
C'est en 1936 que Martin Bormann eut l'idée de construire ce bâtiment.
Un délai incroyablement court pour un projet aussi énorme.
Ils ne purent commencer immédiatement.
D'abord, on étudia le terrain, généralement dans les pires conditions climatiques.
Chutes de neige, chute de pierres, danger d'avalanche, température en-dessous de zéro, tout ceci empêcha le travail de commencer.
Le fait que le projet ait pu être réalisé à temps est dû à l'ambition et au zèle des techniciens, des ingénieurs et des ouvriers.
Il est impossible d'envisager un tel projet aujourd'hui quand on pense aux outils et à machines limitées disponibles à cette époque.
En Août 1938, les derniers artisans quittaient le Nid d'Aigle, à présent terminé
Il surnommé également " Nid d’aigle" et fut offert à Hitler pour ses 50 ans.
La première visite d'Hitler au Nid d'Aigle se fera le 16 septembre 1938.
La visite du ministre des affaires étrangères italien Comte Ciano le 13 août 1939 fut la dernière d'ordre officielle au Nid d'Aigle.
Le 1 er septembre 1939 la guerre devait éclater et Hitler ne se rendit plus au pic Kehlstein.
Le 20 avril 1939, 50è anniversaire d'Hitler, celui-ci avait depuis longtemps pris possession de son cadeau.
Contrairement aux idées reçues, cet édifice n’était pas la résidence d’Hitler.
La maison d'Hitler était successivement le "Wachenfeld" ensuite après transformation "Le Berghof".
Mais cela est une autre histoire.
Le Mont Kehlstein
Les noms des montagnes géantes qui, de par leur puissance, semblent régner sur un paysage entier, sont souvent très anciens et, de ce fait, il est difficile d’en étudier l’origine.
Il en est ainsi de la montagne "Hoher Göll".
Le nom Kehlstein est sans doute plus récent.
Des responsables du cadastre ont peut-être, comme il en est souvent le cas dans l’enregistrement des noms de tradition orale, quelque peu défiguré le nom "Göllstein" pour en faire "Kehlstein".
Le Kehlstein est en effet un puissant promontoire du flanc nord-ouest du massif Hoher Göll.
C’est pourquoi le raisonnement sur l’origine du nom Kehlstein n’est pas sans fondement.
Les falaises abruptes du mont Kehlstein s’élèvent à 1200 m au-dessus de Berchtesgaden.
Au-delà de la limite des forêts le pic Kehlstein surplombe la profonde vallée de Berchtesgaden, ancienne prévôté princière, et permet une vue panoramique sur ce monde alpin imposant qui entoure le Berchtesgadener Land.
Au nord s’élève le Mont Untersberg, enrobé de légendes locales, à l’ouest le massif du Watzmann avec sa femme et ses sept enfants.
Ce roi sans couronne du Berchtesgadener Land domine la région du haut de ses 2714 m.
Tout aussi majestueuses, les montagnes Reiteralpe et Lattengebirge se tiennent tout près.
Le Kehlstein (1834 m) est rattaché au Mont Hoher Göll (2529 m), qui s’élève bien plus haut que toutes les tours rocheuses entre le lac Königssee et la rivière Salzach.
Le Kehlstein est relié à son parent par une crête qui, vue de l’air, semble aiguisée, la Mannlköpfen.
Remontons à l’époque où les noms "Göll", ou "Kehl" ou "Gell" ont pris leur origine.
L’on pourrait déduire que cette origine provient de la langue des celtes, anciens habitants de la région.
À cette époque le Berchtesgadener Land ressemblait à une forêt vierge impénétrable.
Il s’y trouvait quelques huttes de chasseurs ou de pêcheurs provisoires.
Si la nature régnait à l’état sauvage le long de la rivière dans la vallée de Berchtesgaden, la montagne devait être encore plus sauvage.
Il aurait été impensable d’escalader le "Kehlstein", encore moins, le massif "Hoher Göll".
Cette jungle peu accueillante appartenait aux dieux et non aux hommes.
Ces derniers habitaient les collines longeant la vallée de la rivière Salzach.
Des preuves de colonisation préhistorique existent dans la région de Salzbourg et d’Hallein, mais pas sur le Kehlstein.
Aujourd’hui, en escaladant la sente reliant Scharitzkehlalm aux Mannlkëpfen et au Kehlstein, l’on peut encore s’apercevoir à quel point le monde rude et sauvage de l’ancien "mont des dieux" subsiste encore, malgré la civilisation actuelle.
Celui qui emprunte ce sentier aura vite fait0 de l’abandonner s’il manque de condition physique.
Même les accès bien plus faciles par les parois est et nord, demeurèrent quasiment impraticables, sauf pour quelques chasseurs, jusqu’au 19è siècle.
Le pâturage y fut limité à quelques zones favorables dont le "Obere Kehlalm", de nos jours un parking pour les visiteurs du Nid d’Aigle.
Une montagne rocheuse et escarpée aux conditions climatiques inhospitalières, enneigée d’octobre jusqu’en mai, où il peut même neiger en juillet.
Voilà le mont "Kehlstein".
La sécurité du Kehlstein
Après l'Obersalzberg la région Kehlstein devait aussi être protégée des visiteurs indésirables.
Il s'agissait là d'une zone de près de 1000 ha en haute montagne avec des forêts, des pâturages et des rochers qui devaient maintenant se rajouter à la zone interdite déjà existante à Obersalzberg.
Il fallait y ériger des clôtures et y poster des gardes.
Il s'agissait avant tout de la sécurité du chef de l'état.
Et du côté non-officiel il fallait empêcher que le public puisse être témoin de ce qui ne lui regardait pas.
L'on installa une clôture à grillage surmontée d'un fil barbelé.
Elle commença à Hintereck, passa par Ofner Boden et traversa Urschenloch pour atteindre le Mannlgrat, son point le plus haut à environ 1900 m.
Pour des raisons esthétiques on érigea ici un mur en pierres apparentes.
Sur le versant ouest de la crête Mannlgrat la clôture se poursuivit en direction d'Endstal et passa devant le baraquement Ligeret et en-dessous de la "Jagdstrasse" pour retrouver son point de départ.
Deux patrouilles assuraient la sécurité des contours de la zone interdite.
Cela représentait par endroits de l'alpinisme en haute montagne.
Aux points les plus difficiles l'on planta des pitons et des câbles dans la roche pour en faciliter l'escalade.
L'on en inspecta régulièrement les portes et les passages d'accès.
La route du kehlstein
C'est en 1937, que l'ingénieur Fritz Todt, inspecteur général à la construction des routes, fut nommé responsable de la construction de la route conduisant au Nid d'Aigle.
FRITZ TODT (à gauche), ingénieur, né le 9 septembre 1891 à Pforzheim. 1922, membre du NSDAP. 1933, Inspecteur Général à l'entretien des routes, chargé de la construction de l'autoroute.
En 1938, il fonda l'organisation Tod et construisit le mur ouest de long du Rhin. 1940, Ministre du Reich aux armes et munitions, 1941, Ministre du Reich de l'eau et de l'énergie.
1942, mort dans un accident d'avion près de Rastenburg.
La route qui part de Hintereck et qui ne comporte qu'un seul virage en épingle à cheveux mène à une altitude de 1700 mètres.
On se doit de considérer comme un chef d'œuvre de l'ingénierie la planification de cette route et sa réalisation.
Il fallut gagner mètre après mètre du terrain sur le rocher.
Dans des conditions inimaginables aujourd'hui une route de 6,350 km de long et de 4 m de large fut taillée à flanc de montagne.
Sur 800 m d'altitude (dénivellation), cinq tunnels, pour une longueur totale de 282 métres, furent percés et un parking sur lequel les autocars peuvent faire demi-tour fut construit à l'altitude de 1700 m.
Le plus long tunnel est le "Hochlenzer" (148 m), à la hauteur d'un large virage changeant la direction de la route du Kehlstein "d'ouest en est", la dirigeant ainsi vers le sommet.
Le deuxième, le tunnel "Martinswand" (27 m), traverse un bloc rocheux à l'abord du seul virage en épingle à cheveux de la route entière.
Il s'agit là du virage dit de "Scharitzkehl" qui offre une vue vers l'impressionnante face ouest du mont Hoher Göll.
En amont du virage, la route se poursuit vers le nord pour passer par les tunnels "Zigeuner" (16 m), "Südwand" (69m) et "Schwalbennest" (22 m) traversant ainsi plusieurs avancées rocheuses du mont Kehlstein.
Nous nous trouvons maintenant tout près du sommet.
Toutes les murailles, pour les tunnels ou les renforcements, furent façonnées en grande partie par des tailleurs sur pierre italiens qui utilisèrent de la pierre cariée sur place.
En faisant ainsi, non seulement l'on évita le problème du transport, mais la pierre travaillée se fonda dans le paysage.
De ce fait l'on ne trouve aucun mur de béton apparent sur la route du Kehlstein.
Les directives du Dr. Fritz Todt furent suivies en tous points.
Le moins de technique possible, le plus de nature possible.
Il donna les indications suivantes :
"Pour ce qui est des arbres, tout ce qui peut être conservé doit l'être.
Les grands arbres, les bois, les bosquets ne pourront être remplacés que dans plusieurs dizaines d'années, entretemps il n'y aurait plus rien.
La condition primaire pour une bonne végétation reste les forces vives de la terre-végétale.
Sa conservation adéquate sans qu'elle soit diminuée ni affaiblie est une partie importante de la tâche.
Le temps est venu d'atteindre ce genre d'accomplissements et j'exige de ce fait que vous nous aidiez à y parvenir"
Bormann exigea, comme la plupart du temps, que les travaux soient achevés le plus rapidement possible.
De nombreux ouvriers y laissèrent leur vie.
La route aboutit à un grand parking d'où part un tunnel de 3 m de haut et de 124 m de long, conduisant à un ascenseur.
Ici encore, le génie dépensier de Bormann fleurit en matière de décoration.
On utilisa des poignées de portes en laiton massif, un revêtement de ce même métal pour l'ascenseur, de lourdes portes de cuivre et des pierres naturelles pour le revêtement intérieur du tunnel.
Martin Bormann, le créateur de l'Obersalzberg, était obsédé par l'idée de pouvoir terminer à temps.
Il poussait les ouvriers à travailler toujours plus dur et toujours plus vite. Les problèmes techniques imprévus étaient toujours résolus immédiatement par Fritz Todt et son équipe.
Martin Bormann considérait ce projet non seulement comme un symbole du Troisième Reich mais aussi comme le début d'une nouvelle ère dans le domaine de la construction.