Il y a bien longtemps avant.........
La "Gnotschatt" de l'Obersalzberg se composait au début des années vingt de propriétés agricoles, d'auberges, d'hôtels et de sanatoriums.
En 1877, Mauritia (Moritz) Mayer (25 sept 1833 - 1 mars 1897) une femme sûre d'elle et habile, avait acheté la maison de pierre et son terrain sur l'Obersalzberg et entreprit d'aménager une modeste pension de famille :
La pension Moritz.
C'est avec elle que commença la réputation de l'Obersalzberg en tant que " station climatique".
A cette époque, l'Obersalzberg attirait de nombreux personnages célèbres qui venaient ici en villégiature d'été tels que les écrivains Ludwig Ganghofer, Richard Voss et le Prof. Sigmund Freud (qui vivait à la Pension Moritz avec sa grande famille).
On y croisait aussi la famille Bechstein (fabricant des pianos célèbres), le Professeur Linde (frigoriste et fabricant des réfrigérateurs) ainsi que des hommes politiques importants et d'autres personnalités marquantes passant leurs vacances à l'Obersalzberg.
Richard Voss (né le 2 septembre 1851 à Gut Neugrape en Poméranie , décédé le 10 juin 1918 à Berchtesgaden) était un écrivain allemand.
Comme membre de l'Ordre de Saint-Jean, il participa à la guerre de 1870 et fut blessé.
Après avoir étudié les Lettres et la philosophie à Iéna et à Munich, il vécut alternativement au Königssee près de Berchtesgaden et à Frascati près de Rome où il fréquentait la colonie allemande.
Dans sa maison du Königssee, "Bergfrieden", il recevait de nombreux artistes et des aristocrates.
Son roman connu sous Zwei Menschen (deux hommes), qui traite de la vie de Judith Platter, fondatrice du tourisme à Obersalzberg, a été plusieurs fois porté à l’écran (entre autres en 1924-26 comme film muet, en 1930 avec Gustav Fröhlich et en 1952).
Au temps de Richard Voss, l'Obersalzberg était peu peuplé et seulement loti de résidences secondaires, d'une poignée d'auberges et de boutiques, d'un sanatorium pour enfants et de quelques exploitations agricoles pratiquant l'élevage.
À l'époque de la création de la pension Moritz, l'Obersalzberg avait connu un raisonnable développement avec l'implantation de quelques établissements supplémentaires.
Les touristes prenaient bien soin de ne pas perturber cet environnement, puisqu'il était le charme du lieu et le but de leur villégiature.
On venait ici pour se reposer, chasser…
A son décès, Mauritia (Moritz) Mayer sera inhumée dans le vieux cimetière de Berchtesgaden.
En 1937, le bilan des achats de Rudolf Hess et de Bormann était sur l'ensemble du plateau, 27 fermes, établissements touristiques et maisons particulières représentant une capacité d'hébergement de 428 personnes, des étendues de forêts et de prés de l'ordre de 262 hectares.
Au cours du temps, la pension Moritz, deviendra le Platterhof (fin de la guerre) ensuite, l'hôtel Général Walker (occupation américaine) pour être détruit en 2002.
Historique et implantation de 1933 à 1945.
A l'altitude de 1000 mètres, aux contreforts du Hoher Gall et du Kehlstein, on trouve l'Obersalzberg, une région de pâturages inclinés, beaucoup de bois et aujourd'hui beaucoup de broussailles sur des ruines funestes.
Que s'est-il passé à l'Obersalzberg ?
Comme le nom nous indique, son intérieur contient un "Haselgebirge" énorme, un conglomérat qui contient du sel comme le résidu de la dernière période glaciaire.
Le sel est retiré à l'aide d'un procédé de lessivage.
Pendant des siècles, les habitants trouvaient du travail et de quoi vivre dans la mine de sel, ainsi on a construit çà et là des petits logements, des maisons, on a arraché quelques pâturages au bois et avec beaucoup d'efforts on arriva à une petite propriété paysanne.
Ainsi, on avait une légère colonisation à l'Obersalzberg, ici le fief "Bodnerlehen", les fiefs "Scheberlehen", "Beim Reiter", "In der Brandstatt".
Ce fut ainsi durant des siècles.
C'est seulement en 1877 que la première pension de famille fut construite, la pension "Moritz".
Peter Rossegger et Ludwig Ganghofer y entraient se restaurer, mais aussi la maison royale bavaroise et la famille de l'empereur autrichien.
D'autres gens connus s'y établissaient, ainsi le conseiller privé Carl von Linde, l'inventeur du procédé de liquéfaction, le fabriquant de pianos à queue Bechstein et le conseiller de commerce Winter de Buxtehude.
Celui-ci a construit une petite maison au-dessous du fief "Bodnerlehen" et l'a appelée "Haus Wachenfeld".
Avec cette maison la destinée de l'Obersalzberg commençait.
Après le putsch du 9 novembre 1923 et après sa captivité à Landsberg, Adolf Hitler s'était établi dans une maison en rondins au-dessus de l'hôtel Platterhof.
Petit à petit, il se prit d'amitié avec ses voisins, des amis et des partisans se souciaient de lui.
En 1927, Hitler acheta la maison "Wachenfeld" et il avait trouvé sa nouvelle patrie.
D'abord, tout restait comme par le passé, de mineures transformations complétaient la maison.
Les grandes transformations commencèrent en 1933, cinq mois après son arrivée au pouvoir.
Ses amis du parti vinrent le rejoindre par la suite et regroupèrent leur maison autour du "Berghof" de Adolf Hitler.
La loi du Reich concernant les biens ruraux héréditaires ne put empêcher la destruction de cette idylle.
Rudolf Hess fut chargé dans un premier temps d'acheter "en bloc" les maisons et les terrains environnants.
Les vieux fiefs furent rasés et leurs propriétaires, soumis en partie à des menaces ouvertes, se virent assigner un autre lieu de résidence.
Station de cure Obersalzberg (avant 1933) : 1 Bodnerlehen - 2 Morienhäusl - 3 Chalet de Gôring - 4 Maison forestière - 5 Sanatorium pour enfants - 6 Haus Hess - 7 Haus Hudier – 8 Auberge - 9 Haus AdIer -10 Pompiers - 11 La poste -12 Zinken -13 Resten
Des fermes appartenant à une même famille depuis plus de 300 ans furent rasées, de même que des villas et des établissements touristiques.
L'Hôtel Klubheim de l'Association de retraite Arnold de Dresde, la villa Bechstein de la célèbre famille de fabricants de piano et d'autres propriétés furent annexés au patrimoine du parti.
En 1936, ce fut le tour de la pension Moritz, des 3 propriétés de l'Association des officiers de la Marine, l'Hôtel Antenberg, Ober- et Unterantenberg, de la pension Lindenhëhe ainsi que de 13 autres villas et fermes.
En 1937, le bilan de ces achats était le suivant :
27 fermes, établissements touristiques et maisons particulières représentant une capacité d'hébergement.
428 personnes, des étendues de forêts et de prés de l'ordre de 262 hectares.
Plus de 400 personnes durent quitter la montagne.
Bormann fit clôturer sur une longueur de 27 km "le domaine du Führer" d'une superficie de 10 km2.
Il fallait être en possession d'un laissez-passer pour pouvoir y pénétrer.
Sur la route entre Berchtesgaden et l'Obersalzberg, on devait franchir pas moins de 3 postes de garde.
01 - La maison militaire de Göring
02 - La maison de Göring
03 - Colline de Göring
04 - Serre chauffée
05 - La maison de Bormann
06 - Caserne
07 - Kindergarten/Modellhaus (Jardin d'enfants)
08 - Hôtel Zum Türken
09 - Berghof De Hitler
10 - Garage de Platterhof
11 - Platterhof
12 - Gästehaus (actuellement le centre de documentation)
13 - Corps de garde principal
14 - Kampfhäusl
15 – Gutshof
16 - Maison Goebbels
17 – Gutshof
18 - Théâtre
Pourquoi l'Obersalzberg ?
Il y a sans doute beaucoup de gens qui se demandent pourquoi le Führer Adolf Hitler choisit l'Obersalzberg comme domicile.
La douce et paisible atmosphère de ce petit village des Alpes bavaroises avait attiré la famille royale de Bavière, la noblesse cléricale et les industriels.
Mais celui qui y est déjà allé comprend qu'il n'y a guère un autre lieu en Allemagne qui permet, malgré la proximité des montagnes gigantesques, une vue aussi vaste et libre.
En regardant vers le nord on aperçoit Salzburg, la belle et vieille ville des Prince - archevêques, située au pied du Gaisberg.
Quand le Föhn souffle on peut même à l'œil nu voir la forteresse et quelques bâtiments salzbourgeois.
Des couleurs changeantes composent une image pittoresque, encadrant le Untersberg, à gauche de l'Obersalzberg le Watzmann, second en ce qui concerne l'altitude de toutes les montagnes allemandes, entouré par d'autres géants de montagne, enfin le Hoher Gall, se dressant derrière l'Obersalzberg.
Il n'y a pas deux jours qui se ressemblent.
Ce fut ici, au milieu de cette nature magnifique, qu'Hitler acheta une belle villa, la maison Wachenfeld.
Ce fut ici où il venait pour se reposer pendant quelques journées en toute tranquillité, mais cette vie privée fut bientôt transformée en travail politique qui se déroulait alors dans des pièces moins officielles que celles de la Reichskanzlei (Chancellerie du Reich) à Berlin.
Bientôt la petite villa ne suffit plus aux besoins nouveaux, et le résultat de plusieurs transformations fut finalement le grand "Berghof".
Des symboles au service de la propagande d'Hitler ???
On peut se poser la question !
Ce n'est pas par hasard qu'Hitler avait choisi son troisième lieu de résidence, à côté de Munich et Salzbourg.
Cette montagne se trouvait au centre d'un dense réseau de symboles.
L'Obersalzberg se situe à la frontière autrichienne.
De l'autre côté se dresse l'imposant et mystérieux massif de l'Untersberg, parfois appelé "le Grand Trône de Berchtesgaden", une montagne austro-bavaroise.
C'était important pour Hitler.
La fameuse fenêtre escamotable gigantesque du Berghof ouvrait la vue sur l'Untersberg et Salzbourg.
Dans l'un de ses monologues sans fin, Hitler faisait allusion à cette vue qu'il interprétait comme l' "attirance vers la patrie", vers l'Autriche.
Hitler aurait même fait part de son souhait d'être inhumé sur l'Untersberg."
Car ceci était l'autre champ de symboles qui attirait Hitler.
Le grand poète salzbourgeois Georg Trakl écrivit ce vers :
"Le vol des oiseaux résonne de vieilles légendes". ("L'Automne du solitaire").
Les corbeaux de l'Untersberg étaient porteurs d'un message ancien.
Dans la brochure "Autour de l'Untersberg" , Manfred von Ribbentrop conte et interprète les légendes de la patrie d'adoption d'Adolf Hitler, de cette "patrie fortifiante du Führer des Allemands, où le "savoir venant des voix du sang" était encore vivant.
L'attente de la dernière bataille entre le bien et le mal, au pied de l'Untersberg, près du poirier du Walserfeld, forme le noyau de ces "vieilles fables".
Les "forces armées du mensonge, de la traîtrise, du mal et de toute honte" ... traduit pour la propagande national-socialiste du début des années 40.
Le bolchévisme juif, va donner l'assaut afin de remporter la victoire sur le monde entier.
Le sang va couler à flots.
Et c'est seulement après cela qu'apparaît le sauveur sortant de la montagne et la "force jeune du peuple Courageux" (des Allemands) vaincra toute l'ombre et le mal du monde.
On rencontre ici le renversement des valeurs caractéristique du national-socialisme.
La substance de cette instrumentation politique venait de très anciennes légendes sur la prolongation de la vie du maître dans la montagne.
On peut distinguer une interprétation préchrétienne (la légende de Wotan) d'une version chrétienne (le mythe du grand Empereur byzantin apparaissant devant le Jugement dernier), puis d'une lecture postchrétienne (le récit nationaliste allemand de l'avant-première Guerre Mondiale)."
Restons sur cette dernière version influant de manière directe sur l'interprétation nationale-socialiste.
Toni Blum publia en 1912 un singspiel nommé "Un chant de I'Untersberg".
L'Empereur Charles, endormi dans l'Untersberg attend avec son armée composée de héros l'heure à laquelle les corbeaux lui annoncent de ressusciter afin de sauver le peuple allemand.
Le peuple, incarné par un berger, prête serment de fidélité.
"Je serai toujours fidèle,
A l'Empereur et au peuple allemand,
Et je fendrai hardiment le crâne,
A quiconque ose nous dénigrer."
Finalement, l'Empereur Charles sort de la montagne et le héraut annonce l'unification de toute l'Allemagne.
L'Empereur remporte la victoire et le tout se termine en une apothéose de la grande Allemagne.
"Vive toi, Saint Empire allemand".
La défaite de la Première Guerre Mondiale et le Traité de Versailles étant ressentis comme une humiliation collective, le peuple allemand se voit infliger un traumatisme de taille.
Dans les cercles nationaux, on aspirait à la venue d'un sauveur politique devant effacer cette honte.
Hitler s'appropria volontairement ce motif.
Il rattacha à sa propre personne la légende de l'Empereur Charles dormant dans l'Untersberg et qui, un beau jour, rétablirait la gloire passée de l'Empire.
Il déclara à Albert Speer :
"Voyez-vous l'Untersberg là-bas?
Ce n'est pas par hasard que j'ai pris mon siège en face".
C'est ainsi qu'Hitler contredit toute affirmation réduisant l'Empereur Charles à un tueur de Saxons.
Le soir du 4 février 1942, Hitler dit à Himmler :
"Charlemagne était l'un des plus grands êtres humains de l'histoire.
A cette chaîne de symboles s'ajoute encore un maillon supplémentaire.
Selon une légende qui puise sa source dans une chronique du XIIe siècle attribuée au poète Wolfram von Eschenbach, un empereur y dormirait dans l'attente du moment opportun pour venir "régénérer" les peuples germaniques.
Un autre aspect de la légende liait l'image de l'Empereur dormant non pas à Charlemagne, mais à l'Empereur Staufer Frédéric II, mieux connu comme Frédéric Barberousse (1122-1190), "Stupor mundi",l'étonnement du monde, comme on appelait ce souverain moderne au Moyen-âge."
Dans la propagande pontificale du Moyen-Age, l'Empereur Staufer Frédéric II apparaît sous forme d'anti-Christ, de Lucifer, d'homme non-religieux, un des premiers athéistes qui s'autorisait les attributs d'une divinité.'?
"On dit que lorsque l'Empereur reviendra dans le monde, il suspendra son bouclier à un arbre desséché et que l'arbre commencera alors à bourgeonner et à verdir et qu'un temps meilleur commencera pour l'Allemagne".
La dimension critique de la légende dirigée contre l'outrecuidance du pouvoir (qui pouvait toucher l'antireligieux combattant pour l'église qu'était Hitler) fut renforcée par la légende du Watzmann, un autre mythe rattaché à la montagne vis-à-vis de l'Obersalzberg.
Manfred von Ribbentrop raconte la légende du Watzmann comme ceci.
A l'époque où il y avait encore des géants, le roi-géant Watzmann régnait sur les hautes montagnes bavaroises.
Il était un cruel souverain assoiffé de sang et chasseur sauvage, ennemi des fermiers et des bergers.
Un jour qu'il chassait accompagné de sa femme bourrue et de ses sept enfants, il rencontra une paisible famille de bergers avec son troupeau.
Les féroces chiens du roi déchiquetèrent les bergers à pleines dents.
Le roi Watzmann resta assis sur son cheval, se réjouissant à la vue de ce spectacle sanglant.
Mais soudain, la foudre envahit le ciel.
Les chiens du roi furent frappés d'une folie meurtrière et éventrèrent Watzmann et sa cruelle famille.
Le sang versé forma deux lacs.
Mais les corps des géants se firent pierre et se transformèrent en montagnes "Watzmann.".
Le fond politique de la légende touchait le conflit séculaire des privilèges de chasse des souverains face aux fermiers dans le besoin.
En contemplant la montagne en face de la maison Wachenfeld, sombre et inquiétante à la tombée du jour, Hitler pouvait donc avoir des pensées pour un des fondateurs du Saint Empire romain germanique.
On peut lire parfois, pour valider qu'il en avait l'obsession, que, pendant ces méditations, il écoutait des enregistrements de Wagner, compositeur justement réputé avoir fondé son œuvre sur les légendes allemandes
Ce noyau critiquait clairement la souveraineté et pouvait être chaque fois actualisé aussi bien contre la dégénérescence du pouvoir absolu d'Hitler que, de manière très concrète, contre l'expulsion des agriculteurs de l'Obersalzberg.
Il n'y a, jusque là, aucune preuve historique datant d'avant 1945 et appuyant cette possible interprétation.
En matière de mythes, l'important n'est-il pas d'y croire ou d'y faire croire ?
L'Untersberg aura cependant une sorte de revanche tragique.
Courant 1940, c'est en le contemplant qu'Hitler aurait donné Barbarossa comme nom de code à l'invasion de l'Union soviétique, dans la nuit du 21 au 22 juin 1941.
Ce serait sa seule référence "sérieuse", encore qu'indirecte, à la prophétie.